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En Tanzanie, un programme de formation aux techniques de conservation des sols et à la préservation de l’eau proposé par une ONG locale a permis d’améliorer la productivité des paysans.
Le sommet rond et enneigé du Kilimandjaro est mondialement connu. Le point culminant de l’Afrique – 5.891 mètres – est même devenu une source d’activité touristique importante pour la Tanzanie. Une aubaine pour cette région du nord-est du pays, qui souffre depuis plusieurs années de rendements agricoles de plus en plus faibles. En cause : l’érosion des sols, qui transforme progressivement une terre autrefois fertile en champs ingrats.
Situés sur les pentes du Kilimandjaro, les districts de Moshi, Hai, et Rombo ont longtemps été réputés pour leur agriculture productive et diversifiée. Entre 1.000 et 1.500 mètres d’altitude, on trouve essentiellement du café, des bananes, ou des arbres fourragers. Plus bas, entre 750 et 1.100 mètres, les paysans cultivent du maïs et des haricots, là où d’autres élèvent des chèvres ou des vaches. Mais ces dernières années, trouver suffisamment de fourrage est devenu presque impossible. Alors, après les récoltes, tous les résidus végétaux – tiges, feuilles, racines… – sont récupérés afin de nourrir les animaux. Cette pratique met la terre à nu, ce qui entraîne la formation de ravines, notamment lors des épisodes de fortes pluies. Ce phénomène empêche non seulement l’eau d’imprégner le sol en profondeur – ce qui a des répercussions durant les saisons sèches –, mais il accélère aussi l’érosion de la couche arable. Les conséquences sur la productivité sont lourdes.
Améliorer les pratiques agricoles
Afin de protéger cet écosystème en danger tout en permettant aux habitants de mieux vivre du travail de la terre, Himo Environmental Management Trust Fund développe depuis une vingtaine d’années un programme de formation aux techniques de conservation des sols et à la préservation de l’eau. Cette ONG locale promeut notamment l’usage de foyers et de fours plus performants, afin de diminuer la consommation de bois de chauffe. Elle accompagne aussi les travaux de réhabilitation des canaux d’irrigation, qui permettent non seulement d’éviter un transport fastidieux du précieux liquide, mais également de retenir l’eau de ruissellement, et ainsi de limiter l’érosion des sols. Mais surtout, Himo Environmental Management Trust Fund tente d’améliorer les pratiques agricoles ancestrales, par exemple en promouvant la culture en courbes de niveaux. Cette pratique consiste à cultiver de façon constante sur une pente le long des lignes d’une même élévation, et non du haut vers le bas. Cette technique permet de retenir l’eau de pluie et de réduire les pertes de sol.
Productivité renforcée, sols protégés
En parallèle, Himo Environmental Management Trust Fund introduit d’autres techniques comme les cultures intercalaires, l’utilisation des résidus végétaux pour le paillage, la rotation des cultures, ou encore la création de terrasses dans les zones où les pentes sont plus raides. Enfin, l’ONG tanzanienne soutient activement l’introduction de nouvelles activités propices à générer des revenus supplémentaires : l’apiculture, la pisciculture, l’aviculture, l’arboriculture, ou encore la production de biogaz.
A l’heure des comptes, les résultats de ce vaste programme sont convaincants. Selon une étude de cas publiée par l’Oakland Institute et l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA), « la productivité des paysans ayant adopté les techniques de conservation s’est grandement accrue ». Les rendements du maïs ont ainsi doublé, tandis que ceux du haricot sont passés de 0,7 à 1,2 tonne à l’hectare. Les chèvres ont vu leur production moyenne de lait passer de 0,5 litre par jour à 2,5 litres/jour. Pour les vaches, la production est passée de 4 à 7 litres/jour. La fertilité est revenue sur les pentes du Kilimandjaro, au bénéfice des habitants de la région et de la conservation des sols.