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Pratique ancestrale largement répandue en France jusque dans les années 1950, le viti-pastoralisme permet de réintroduire de la biodiversité dans les vignes tout en améliorant les rendements.
La plupart des propriétaires d’exploitations viticoles font face à quatre problèmes majeurs concernant leurs vignes : le tassement des sols, la résistance des plantes dites envahissantes aux herbicides, la baisse des rendements et la hausse des coûts de production. C’est pourquoi de plus en plus de professionnels du vin s’intéressent au viti-pastoralisme, une pratique ancestrale qui revient au goût du jour.
Son principe est simple : faire paître des ovins dans le vignoble durant la période de repos végétatif de la vigne, à savoir entre octobre et mars. Les bêtes vont alors nettoyer les parcelles, en broutant les herbes et les plantes se trouvant aux pieds et entre les ceps. Ce procédé était couramment utilisé en France jusque dans les années 1950, y compris dans les régions viticoles les plus réputées. Il a ensuite cédé sa place à d’autres techniques issues de l’agriculture industrielle, comme le recours aux machines ou aux herbicides.
Une méthode efficace et rationnelle
Le viti-pastoralisme n’est pas une nouvelle lubie. Il représente une réponse efficace à un problème concret, dans une démarche agroécologique rationnelle. Cette pratique permet d’obtenir une herbe rase en fin d’hiver, ce qui limite le travail au sol des machines agricoles tout en réduisant le tassement des sols, véritable fléau pour les exploitants agricoles. Par ailleurs, si les herbes et les plantes dites envahissantes sont broutées par des moutons, il n’est plus nécessaire de recourir à des produits chimiques pour dégager les ceps de vigne. Une façon de limiter la pollution des parcelles, de favoriser la biodiversité, mais aussi de faire des économies. Enfin, la présence des ovins participe naturellement à l’apport en matière organique, ce qui permet de limiter l’emploi d’engrais.
Une brebis pour 10m2 de surface à pâturer
Le recours au viti-pastoralisme s’accompagne bien sûr de certaines contraintes, comme pour toute pratique agricole. Ainsi, il est très fortement conseillé d’opter pour des ovins (agneaux, béliers, moutons…), assez petits pour ne pas endommager voire piétiner la vigne, mais assez gros pour nettoyer efficacement et rapidement une parcelle. Il faut compter une brebis pour 10m2 de surface à pâturer.
Autre élément important : la pâture devra impérativement être stoppée au moment du débourrement de la vigne, au risque de voir le bétail dévorer les bourgeons ou les jeunes pousses. Pour de meilleurs rendements, il est aussi suggéré de planter des graminées ou des légumineuses sur les parcelles. Ce couvert végétal aura tendance à limiter naturellement l’expansion des autres herbes, tout en étant plus intéressant à manger pour le bétail. Le viticulteur devra aussi décider s’il souhaite travailler avec un berger ou s’il envisage de posséder son propre troupeau d’ovins, de préférence de race rustique, comme la Solognote. Dans ce dernier cas, il devra réserver des prés en pâturages tournants dynamiques pour les périodes où les bêtes ne se trouveront pas dans le vignoble, et également leur prévoir un lieu de garde, notamment durant l’hiver. Il faudra enfin faire attention aux plantes bioaccumulatrices qui stockent le cuivre présent dans le sol et dans les produits phytosanitaires : elles peuvent être néfastes pour les ovins.