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Une étude publiée dans la revue Science démontre que les forêts tropicales qui se reconstituent naturellement peuvent retrouver jusqu’à 80% de la fertilité de leurs sols en l’espace de 20 ans.
Bonne nouvelle pour la protection des écosystèmes. Une récente étude publiée dans la prestigieuse revue Science, menée en Côte d’Ivoire par 80 scientifiques du monde entier, dont trois chercheurs ivoiriens et deux scientifiques du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), établit que les forêts tropicales qui se revitalisent sans intervention de l’homme parviennent à recouvrer jusqu’à 80% de la fertilité de leurs sols, de leur structure, et de la diversité de la flore en à peine 20 ans.
L’enquête va même plus loin, puisqu’elle estime que la restauration naturelle des forêts tropicales est le choix optimal pour permettre à des terres agricoles abandonnées de revenir à leur état initial, avant le défrichage de la forêt primaire. Ces espaces, considérés comme des forêts secondaires, recouvrent d’ores et déjà des milliers d’hectares à travers l’Afrique, contribuant à la restauration globale des écosystèmes, à la protection de la biodiversité, à l’amélioration de la qualité des sols et de l’eau, ou encore à la séquestration du carbone.
Une renaissance sous conditions
Cette découverte inattendue ne remet pas en cause la nécessité absolue de stopper la déforestation. En effet, les résultats de l’étude réalisée en Côte d’Ivoire concernent des terres qui n’ont pas été soumises à une agriculture intensive. Dans ce cas de figure, les banques de graines sont encore présentes dans les sols, ce qui permet à la flore de se développer rapidement après le retour d’une parcelle à l’état sauvage. La situation est bien plus complexe pour des sols rendus quasiment stériles par un recours abusif au labour et aux intrants chimiques.
De plus, le caractère chaud et humide du climat tropical est favorable à la croissance des plantes. Dans d’autres régions du globe, plus sèches ou froides, les conditions pour une régénération naturelle ne sont pas aussi facilement réunies. Par ailleurs, si les sols peuvent se rétablir rapidement, il n’en est pas de même pour la diversité animale, qui met jusqu’à 60 ans avant de retrouver son état antérieur au défrichage. Le maintien et la protection des forêts primaires reste donc un objectif primordial pour la défense de l’environnement.
Néanmoins, l’étude publiée dans Science permet d’envisager différemment les futures campagnes de reforestation massive, en concentrant les efforts sur les zones les plus durement touchées par la dégradation des écosystèmes et des sols. Cette reconstitution passive pourrait s’accompagner d’autres techniques comme la régénération naturelle assistée, l’agroforesterie, ou encore les plantations forestières.