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L’initiative internationale « 4 pour 1000 », lancée par la France en 2015 lors de la COP 21 fédère tous les acteurs volontaires du public et du privé afin de mettre en place des actions concrètes sur le stockage du carbone dans les sols.
L’activité humaine est fortement émettrice de gaz carbonique, plus connu sous le nom de CO2. Ce dernier est l’un des principaux responsables de l’accentuation de l’effet de serre, et donc du réchauffement climatique. Mais environ 30% du CO2 produit chaque année est absorbé par les plantes, par le biais d’un processus extraordinaire : la photosynthèse. Ces végétaux deviennent dès lors des puits de carbone. Après leur mort et leur décomposition, ils sont progressivement transformés en matière organique par les bactéries, champignons, et vers de terre présents dans le sol. Comme rien ne se perd, le carbone initialement piégé grâce à la photosynthèse se retrouve dans le sol et aide à fixer l’eau, l’azote, et le phosphore indispensables à la croissance des futures plantes et à l’alimentation humaine.
Augmenter le stock de carbone
A l’heure actuelle, les sols contiennent en moyenne entre deux et trois fois plus de carbone que l’atmosphère terrestre. L’initiative internationale « 4 pour 1.000 » part de ce constat pour aller plus loin. L’idée serait d’augmenter ce stock de carbone de 0,4% par an – soit 4 pour 1.000, d’où le nom de l’initiative – dans les quarante premiers centimètres de la couche arable, ce qui permettrait de compenser considérablement l’augmentation des quantités de CO2 présentes dans l’atmosphère.
Comme l’agriculture cherche par tous les moyens soit à piéger le maximum d’eau, d’azote, et de phosphore dans le sol – par adjonction de carbone, par exemple sous la forme de cendres –, soit à augmenter artificiellement leurs quantités via des engrais organiques ou chimiques, elle pourrait ainsi jouer un rôle déterminant pour l’avenir de notre planète.
En effet, avec des sols agricoles plus riches en carbone, et donc en matière organique, la productivité agricole à l’échelle mondiale serait largement améliorée, ce qui permettrait d’assurer la sécurité alimentaire, y compris dans les régions les plus pauvres. « Notre capacité à nourrir 9,8 milliards d’humains en 2050 dans un contexte de changement climatique dépendra notamment de notre capacité à garder les sols vivants », rappellent les responsables de l’initiative.
Des pratiques agroécologiques
Pour parvenir à ce résultat, les Etats, collectivités, entreprises, ou ONG impliqués s’engagent à mettre en place un certain nombre de mesures essentielles, avec en premier lieu l’adoption de pratiques agroécologiques, qui permettent d’augmenter la quantité de carbone dans la couche arable. L’initiative internationale « 4 pour 1.000 » recommande par exemple de réduire la déforestation, de ne pas laisser les sols à nu – car cela entraîne des déperdition de carbone –, ou encore de restaurer les paysages agricoles dégradés. Il faut aussi amender la terre avec du fumier ou du compost, planter des arbres qui capturent le CO2, ou encore des légumineuses, qui ont une tendance naturelle à fixer l’azote et qui pourront servir à l’alimentation humaine ou animale.
Concrètement, chaque acteur de l’initiative « 4 pour 1.000 » s’engage à un objectif et à un ou plusieurs types d’actions contre la dégradation des terres (de la gestion du stock de carbone des sols à d’autres mesures d’accompagnement comme les assurances indicielles ou les paiements pour les services écosystémiques…). Cette initiative prévue jusqu’en 2050 s’inscrit dans le cadre du Plan mondial d’action pour le climat (GCAA) adopté à la COP22 à la suite du Plan d’action Lima-Paris de la COP21.