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Longtemps restés méconnus, les micro-organismes jouent pourtant un rôle majeur dans l’assainissement et la structuration des sols.
Ils sont invisibles à l’œil nu. D’une taille inférieure à 10 µm, soit un centième de millimètre, les micro-organismes se rangent dans deux grandes familles. D’une part, les procaryotes, qui comprennent l’ensemble des organismes unicellulaires ne disposant pas de noyau, et dont les principaux représentants sont les bactéries et les archées. D’autre part, les champignons, qui peuvent être unicellulaires ou pluricellulaires. Dans ce cas, ils se présentent sous la forme de mycélium, c’est-à-dire une vaste structure filamenteuse souterraine.
Malgré leur taille microscopique, les micro-organismes représentent entre 75 et 90% de la biomasse vivante présente dans le sol. Surtout, ils jouent un rôle majeur dans l’assainissement et la structuration des sols, mais aussi dans le processus de décomposition de la matière organique et dans l’absorption des nutriments par les racines.
Des déséquilibres biologiques
Aujourd’hui, l’agriculture dite conventionnelle a tendance à faire diminuer la teneur en matière organique des sols. Cela entraîne des déséquilibres, notamment chimiques, qui menacent le bon fonctionnement biologique des sols et, à terme, leur fertilité. Ainsi, le travail du sol (comme le labour) perturbe les populations microbiennes, car il bouleverse sans cesse une terre qui semble à première vue inerte, mais qui est en réalité grouillante de vie. La surexploitation d’une parcelle peut, elle aussi, avoir des conséquences négatives sur sa productivité, dans la mesure où les sols n’ont pas le temps de se régénérer entre deux récoltes. Enfin, l’utilisation de produits phytosanitaires est une menace pour l’équilibre d’un sol vivant, car ils éliminent au passage une partie des micro-organismes efficaces.
Vers un changement de pratiques agricoles
Pour retrouver un sol vivant capable d’assurer la pérennité des systèmes de production, la seule solution efficace est un changement des pratiques agricoles. C’est l’expérience qu’a voulu tenter la ferme Belloeil, à Saint-Mayeux, dans les Côtes-d’Armor. Cet élevage de 190 truies produit une partie de l’alimentation de ses bêtes avec un système de culture basé sur une rotation courte maïs-céréales. Il y a quelques années, ses exploitants ont souhaité améliorer la fertilité des sols sans recourir systématiquement aux produits phytosanitaires, en poussant au maximum l’efficacité de ses lisiers. Ils ont opté pour l’utilisation de micro-organismes, en l’occurrence un additif de compostage baptisé bactériolit, qui peut être ajouté au lisier ou épandu directement dans les champs.
Le moins que l’on puisse dire est que les résultats sont encourageants. Le travail du sol est facilité par la présence des micro-organismes, et les rendements sont plus que satisfaisants. Des essais réalisés en terre sableuse, plus facilement lessivable par les eaux de pluie, montrent par ailleurs des pertes en azote inférieures de 30 à 35% lorsque la parcelle a été fertilisée avec du lisier ensemencé.
Sans compter la production d’humus, qui est largement favorisée (+117% d’acides humiques sur une période de cinq mois). Enfin, les micro-organismes favorisent le retour des vers de terre, essentiels pour faire remonter les nutriments à la surface. On compte ainsi 700 à 1000 galeries/m2, contre moins de 300 galeries/m2 pour un sol non ensemencé en bactériolit. Cet écart permet un gain en oxygénation des sols de plus de 25%, ainsi qu’une meilleure remontée capillaire.