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Mieux armées contre la sécheresse et les maladies, les nouvelles variétés de riz développées par l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) doivent permettre d’améliorer les rendements, tout en assurant une meilleure protection des sols.
Au Burkina Faso, comme dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, la production locale de riz est insuffisante pour répondre aux besoins de la population. Or la célèbre céréale blanche constitue l’un des aliments de base dans la cuisine traditionnelle burkinabè. Selon le ministère du commerce, le pays est donc contraint chaque année d’importer 400.000 tonnes de riz sur les 650.000 tonnes consommées chaque année.
Pour changer la donne, une équipe de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) a sélectionné quatre nouvelles variétés de riz qui devraient permettre de booster la production dans les années à venir. Les chercheurs ont travaillé pendant huit ans avant de retenir KBR2, KBR4, KBR6, et KBR8 (KBR pour KamBoinseRiz). Avant leur inscription au catalogue variétal national, chaque variété a même reçu un nom de baptême, à savoir respectivement Massamalo, Nongsaamè, Bitonkin, et Mouifiida. Ces nouvelles variétés se caractérisent par des cycles de production plus courts (entre 110 et 120 jours), des rendements accrus allant de 8 à 10 tonnes à l’hectare, et une meilleure tolérance à certains stress. Mais ce n’est pas tout…
Moins d’eau et moins d’intrants
Le riz est la céréale la plus consommée de la planète : il représente 20% des besoins mondiaux en énergie alimentaire. Mais il possède aussi un sérieux inconvénient : son importante consommation en eau. L’INERA a donc orienté ses recherches vers des lignées reconnues comme tolérantes à la sécheresse, afin d’obtenir des variétés moins exigeantes en eau. Les quatre variétés ayant des cycles de production plus courts et une productivité supérieure, les besoins en eau pour la production d’une tonne de riz sont considérablement réduits.
Les chercheurs burkinabè ont également souhaité que leurs nouvelles variétés de riz soient plus résistantes aux maladies, qui créent des pertes de récoltes colossales pour des milliers de producteurs. Grâce à un long processus d’amélioration variétale par le biais de croisements, KBR2, KBR4, KBR6, et KBR8 sont mieux armées pour lutter contre les fléaux qui ravagent les rizières d’Afrique de l’Ouest, en premier lieu la panachure jaune du riz causée par un virus et la pyriculariose du riz, due à un champignon pathogène.
Des sols préservés
Grâce à cette meilleure résistance à la sécheresse et aux maladies, les quatre nouvelles variétés de riz participeront au programme de développement d’une agriculture durable au Burkina Faso. En utilisant moins d’intrants chimiques et moins d’eau, les agriculteurs permettront aux sols de se régénérer et aux nappes phréatiques d’être préservées, ce qui aura un impact positif sur toute la biosphère, mais aussi sur la qualité du riz proposé aux consommateurs. A terme, le gouvernement burkinabé espère produire un million de tonnes de riz par an. Un objectif ambitieux qui nécessitera notamment l’aménagement de 50.000 hectares de terres irrigables.