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Dans le nord du pays, un millier de paysans ont été formés à l’emploi de cette technique qui permet de reboiser partiellement des terres agricoles.
Dans le nord du Ghana, à la frontière avec le Burkina Faso, les principes de la régénération naturelle assistée sont en train de transformer les paysages. Cette région de savane au climat semi-aride abrite des populations d’agriculteurs qui pratiquent traditionnellement la culture sur brûlis. Avant chaque semis, ils mettent le feu aux déchets végétaux qui jonchent le sol, afin d’optimiser la surface cultivable disponible et d’augmenter l’apport en carbone dans la terre.
Cette habitude présente plusieurs inconvénients, parmi lesquels la dégradation des sols et la destruction prématurée de toute forme de végétation sauvage. Afin d’y remédier, l’ONG d’aide au développement Vision du monde a lancé il y a dix ans un programme prévoyant, au contraire, de laisser les déchets végétaux se transformer en compost, mais surtout d’accompagner la pousse d’arbres en plein champ. Un millier de paysans du district de Talensi ont déjà été formés aux vertus de la régénération naturelle assistée, dont les résultats sont surprenants.
Le retour de la biodiversité
Sur les flancs des collines, des bosquets plus ou moins denses sont apparus, là où ne poussaient auparavant que quelques rares arbustes isolés. On y trouve des baies et des fruits sauvages, des piments, des épices, des plantes médicinales… Dans les champs autrefois dénudés, des arbres ont été préservés. Désormais, à l’ombre des combretums, diospyros, neems, karités, et margousiers poussent du maïs, du sorgho, des patates douce, des tomates, et des oignons qui serviront à nourrir les cultivateurs et leurs familles, mais également de l’arachide ou encore de l’hibiscus, dont une partie de la récolte est vendue sur les marchés locaux. Les abeilles sont elles aussi de retour, si bien que 25 ruches ont déjà été installées, dont 21 ont été colonisées. Elles fournissent du miel de grande qualité, qui permet lui aussi d’améliorer les revenus des agriculteurs. Sans oublier le bois mort, qui est utilisé pour faire la cuisine. Au lieu de détruire la nature afin d’imposer un mode de production artificiel, la régénération naturelle assistée (et plus généralement l’agroforesterie) permet donc l’émergence d’écosystèmes productifs qui stimulent la biodiversité.
600 hectares restaurés
Pratique ancestrale dans divers régions du monde, la régénération naturelle assistée n’a été théorisée que dans les années 1980 par l’agronome australien Tony Rinaudo. Elle répond à un principe simple : encourager la repousse des arbres grâce à la taille et l’auto-ensemencement. Les plus petits rejets nés d’une souche sont éliminés, afin de favoriser le plus vigoureux qui donnera, à terme, un nouvel arbre, sans que cela ne demande d’autres interventions humaines. Ce procédé a d’abord été expérimenté au Niger, qui compte déjà cinq millions d’hectares reboisés grâce à la régénération naturelle assistée. Cette technique a ensuite été mise en application en Éthiopie, au Sénégal, au Burkina Faso, mais aussi en Asie, notamment en Indonésie et au Timor oriental. Au Ghana, 600 hectares ont déjà été restaurés. D’ici 2030, le pays ambitionne de reboiser deux millions d’hectares, dont une partie grâce aux principes de la régénération naturelle assistée.