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De nombreux viticulteurs américains ont décidé de planter des variétés de raisins hybrides mieux capables de lutter contre les effets du réchauffement climatique.
Chaque année, de nombreux viticulteurs américains font le même constat : le climat devient non seulement de plus en plus instable mais, surtout, il change. En Californie, les températures moyennes sont ainsi plus élevées, tandis que les épisodes de sécheresse deviennent courants. Ces caractéristiques mettent les vignes à rude épreuve, obligeant les producteurs à recourir plus massivement à l’irrigation, avec un impact important sur les réserves en eau déjà faibles.
Dans la vallée de l’Hudson, le thermomètre grimpe lui aussi, augmentant le taux d’humidité de l’air. Ces conditions sont idéales pour le développement de certaines espèces de moisissures – dont le mildiou –, et favorisent la prolifération d’insectes invasifs, en particulier le lycorma delicatula – un insecte originaire d’Asie du sud-est qui a envahi le continent nord-américain. Les viticulteurs sont donc contraints de multiplier les applications de traitements fongicides et insecticides, avec des conséquences à la fois économiques, mais aussi et surtout environnementales.
Croisements et hybridations
Pour lutter contre les effets du réchauffement climatique, plusieurs viticulteurs se sont tournés vers des espèces de vigne hybrides, qu’ils espèrent plus résistantes aux nouveaux stress climatiques. Ainsi, les membres du Heritage wine project ont développé une gamme de vignes issues de croisements entre des espèces indigènes et des variétés européennes. Les premières, plus rustiques et mieux adaptées à leur terroir, renforcent la résistance de la plante face aux attaques. Les secondes apportent leurs propriétés organoleptiques supérieures, produisant des vins très proches des standards recherchés par les clients nord-américains.
En ce qui concerne les espèces indigènes, les viticulteurs américains du Heritage wine project privilégient notamment les labrusca, aestivalis, rupestris, et riparia. Elles ont l’avantage d’avoir évolué dans le même environnement que les maladies et les moisissures qui prolifèrent aujourd’hui en raison du réchauffement climatique. Certaines avaient d’ailleurs déjà servi à sauver certains cépages européens après la terrible épidémie de phylloxéra, qui ravagea le vignoble européen dans la seconde moitié du XIXe siècle. Des porte-greffes issus de plants américains, naturellement immunisés contre le phylloxéra, avaient été utilisés.
Des variétés anciennes
Une autre piste explorée par certains professionnels du vin consiste à redécouvrir des variétés hybrides oubliées. Elles sont soit issues de croisements naturels, soit de manipulations effectuées au XVIIIe et XIXe siècles par les colons européens. Ces variétés parfaitement adaptées au terroir et mieux armées pour faire face aux effets du réchauffement climatique sont des cépages historiques qui ne poussent nulle part ailleurs. Avec un bémol : comme la plupart des variétés anciennes ou semi-sauvages, elles arrivent à maturité plus tardivement – en général au bout de cinq ans – et, surtout, leur rendement est plus faible.