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Avec son nouveau livre publié aux éditions Odile Jacob début 2022, l’ingénieur inventeur du bilan carbone établit la liste de toutes les actions économiques à mener pour atteindre la neutralité carbone, notamment dans le secteur de l’agriculture.
Jean-Luc Jancovici, ce nom ne vous dit rien ? Pourtant, ce polytechnicien est une référence dans le monde de l’écologie : il a tout simplement inventé le bilan carbone au début des années 2000, la méthode qui permet de comptabiliser les émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre dans n’importe quel secteur de l’économie. Aujourd’hui, en plus d’être Youtubeur et enseignant, l’ingénieur est à la tête de The Shift Project, une association fondée en 2010. L’objectif premier de ce think tank autour de l’écologie est d’atténuer le changement climatique. Pour cela, Jean-Luc Jancovici recommande en premier lieu de réduire la dépendance aux énergies fossiles, en privilégiant le vélo ou la marche.
Mais au-delà des gestes individuels, Jean-Luc Jancovici a dressé la liste des actions macroéconomiques à mener pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Un travail de recherche de plusieurs années pour aboutir à un livre qui se veut à la fois explicatif, pragmatique et didactique. Chaque chapitre s’intéresse à l’un des 15 secteurs de l’économie, avec des illustrations graphiques et des chiffres. Bref, l’ouvrage se conçoit comme un véritable guide pratique mis à disposition des décideurs publics.
Mieux utiliser les terres pour augmenter la séquestration de carbone
Le leitmotiv de Jean-Luc Jancovici ? Ne plus être spectateur des conséquences du changement climatique mais passer immédiatement à l’action. Le chapitre 2 du livre s’intéresse à l’agriculture et à l’alimentation, en partant d’un constat simple : ce secteur est responsable de 25% des émissions de gaz à effets de serre en France car les trois quarts de ses consommations énergétiques sont issues du pétrole. Il est aussi pourvoyeur d’emploi puisqu’il représente 1,43 millions de travailleurs. L’enjeu est donc de préserver l’emploi tout en réduisant l’impact environnemental de ce pan de l’économie. D’autant que les habitudes alimentaires des Français changent : ils essaient de consommer plus de fruits et de légumes, moins de viande et se tournent plus facilement vers des produits issus de l’artisanat ou de l’agriculture biologique.
Pour décarboner le système alimentaire et le rendre plus résilient, Jean-Luc Jancovici propose notamment de développer massivement les pratiques agroécologiques, d’augmenter l’utilisation des produits bois dans la construction et la rénovation, ou encore de limiter l’artificialisation des sols. « Nous prendrons soin de nous interroger sur les façons dont les coûts associés à ces changements pourront être pris en charge par la société », précise t-il, en rappelant que « l’utilisation que nous faisons des terres module leur capacité à stocker du carbone ».
Le livre souligne que si les forêts ou les prairies permanentes sont considérées comme des puits de carbone, les sols cultivés ou les terres artificialisées sont des sources de CO2. Le polytechnicien souhaite donc démarrer son plan de transformation par une étude concrète des potentiels de séquestration de carbone dans les forêts, les prairies, et les sols agricoles français, afin d’en tirer toutes les leçons pour adapter les mesures à prendre.