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Dans son dernier ouvrage L’Origine du monde, une Histoire naturelle du sol à l’intention de ceux qui le piétinent (Actes Sud), Marc-André Selosse, professeur au Muséum d’histoire naturelle et membre du board du WLSF, rappelle le rôle fondamental du sol dans l’équilibre de la vie.
Le sol souffre encore trop souvent d’une perception négative, notamment parce qu’il s’agit d’un espace grouillant de petits éléments parfaitement opaque, contrairement à l’eau ou à l’air. Ces caractéristiques compliquent son observation depuis la surface et autorisent tous les fantasmes. Pire encore, le sol est réputé sale. Culturellement, il est perçu comme un abîme dangereux et répugnant. Pourtant, comme le rappelle Marc-André Selosse dans son dernier livre, le sol est la cathédrale du vivant. On peut même considérer qu’il représente l’origine du monde, dans la mesure où il le porte, le nourrit, et le protège. Il est également densément habité : on y trouve plus de 25% des espèces connues et décrites. Et quand on sait qu’en l’état actuel des connaissances, seules 1 à 2% des espèces présentes dans le sol ont été identifiées, on peut imaginer à quel point il s’agit d’une puissante et étonnante construction du monde vivant.
Un espace menacé
Dans L’Origine du monde, sous-titré Une Histoire naturelle du sol à l’intention de ceux qui le piétinent, Marc-André Selosse insiste sur le fait que cette biodiversité est non seulement essentielle au fonctionnement des écosystèmes terrestres, mais également à la fertilité des océans, à la régulation des cours d’eau, et au climat : sans les sols, la température moyenne sur Terre se situerait aux environs de -50°C ! Le professeur du Muséum d’histoire naturelle rappelle également que le sol est devenu un espace menacé par l’activité humaine. En raison de sa méconnaissance et des craintes qu’il engendre, les hommes n’ont de cesse de le ravager depuis des millénaires. Un phénomène qui a connu une accélération fulgurante et terrible à partir du XIXe siècle, avec la révolution industrielle. Aujourd’hui, l’agriculture mécanisée, l’urbanisation galopante, l’érosion, les pollutions, ou encore la salinisation sont autant de dangers mortels qui menacent directement l’équilibre du sol, et donc la vie sur la planète bleue.
Vulgarisation scientifique
La pagination colossale de ce livre-fleuve (480 pages) ne doit pas effrayer le lecteur intrigué. Marc-André Selosse l’a pensé comme un ouvrage de vulgarisation scientifique accessible à toutes et à tous. Un périple souterrain à travers lequel il souhaite avant tout faire découvrir à ses contemporains un monde fascinant, qu’il est urgent de protéger. Vous découvrirez ainsi que l’odeur de terre mouillée après la pluie est liée au pétrichor, une huile produite par certaines plantes puis absorbée par le sol. Ou encore que, sans le sol, nous ne mangerions certainement pas autant de poisson… L’auteur dresse également la liste des gestes et des actions que chacun peut faire, au quotidien, pour participer activement à la préservation du sol. A noter que le livre est accompagné des illustrations parfois insolentes d’Arnaud Rafaelian, qui cassent définitivement le caractère souvent austère de ce type de publications.