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Avec des exemples très concrets, l’ingénieur en environnement Laura Verdier explique dans son livre Sols pollués, menaces sur la population et la biodiversité pourquoi les sols représentent un enjeu fondamental pour la lutte contre le changement climatique.
« J’ai écrit ce livre avec la conviction que les sols sont les grands oubliés de notre politique environnementale tant nationale que communautaire. Pourtant, ils nous nourrissent, portent nos vies et nos activités, hébergent une biodiversité exceptionnelle, jouent un rôle de filtre, participent à la lutte contre le dérèglement climatique… mais nous ne les protégeons pas. » Voilà comment Laura Verdier résume son premier ouvrage Sols pollués, menaces sur la population et la biodiversité, publié en 2021 aux éditions Dunod.
Sans renier les ravages de la pollution pour la qualité de l’air et la contamination des eaux, l’environnementaliste et ingénieur entend replacer la thématique des sols au centre de l’équation à travers un texte efficace et facile à lire. En s’appuyant sur des exemples précis de sites pollués en France, Laura Verdier cherche à comprendre les erreurs du passé afin de dépolluer efficacement les sols. Elle réfléchit à la manière de bâtir un cadre réglementaire qui permettrait de protéger efficacement ce patrimoine naturel. Elle-même auditionnée lors d’une commission sénatoriale, elle s’est aperçue que le sujet était très mal connu des décideurs publics.
Une pollution étendue en France
La contamination des sols concerne toutes les régions de France, dans des proportions bien plus importantes qu’on ne l’imagine. Par exemple, la banlieue ouest-parisienne est largement touchée par une pollution au plomb, non seulement dans des zones d’anciens sites industriels, mais aussi dans des quartiers résidentiels. Utilisé pendant des décennies dans le cadre de l’épandage, le plomb contamine également de larges zones agricoles.
Dans la région de Carcassonne, c’est toute la vallée de l’Orbiel qui subit les dégâts de l’ancienne exploitation de la mine d’or de Salsigne. Des tonnes d’arsenic y ont été déversées pour faciliter l’extraction du précieux métal. Mais les sols en souffrent toujours aujourd’hui, malgré une fermeture de la mine en 2004.
Toutes ces matières – plomb, arsenic, hydrocarbures – sont potentiellement dangereuses pour la santé humaine car elles imprègnent les sols agricoles et sont donc ingérées par des milliers de personnes, entraînant de nombreux cancers, mais aussi des maladies dégénératives, des maladies de peau…
De la théorie à la pratique
Sans se limiter à ce constat alarmant, Laura Verdier propose des solutions concrètes et rapides à mettre en œuvre pour décontaminer les sols, comme la phytoremédiation, une technique peu connue qui consiste simplement à planter des végétaux sur des zones très polluées afin qu’ils absorbent les métaux lourds. La plante est ensuite coupée, puis brûlée. Une manière douce de dépolluer les sols.
Laura Verdier cite aussi des techniques plus coûteuses mais tout aussi efficaces : les méthodes physico-chimiques. À l’aide de câbles d’injection, on fait augmenter la pression au sein de la terre de façon à en extraire les gaz. Ils sont ensuite récupérés et l’air est traité. Il existe même des bactéries “mangeuses” d’hydrocarbures qui permettent de dépolluer un terrain en seulement quelques mois…Autant de possibilités qui prouvent que la dépollution des sols est loin d’être inatteignable.