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Produit par le Soil Health Institute, un organisme américain de recherche sur la santé des sols, le documentaire Living soil se penche sur la méthode des couverts végétaux comme solution optimale pour la protection des sols.
« Une ferme est une entreprise. Le rendement et la productivité sont donc importants. J’y crois fermement, et je crois aussi que la santé des sols est essentielle à la productivité ». Cette phrase de Larkin Martin, fermière dans l’Alabama, résume parfaitement l’évolution des mentalités aux Etats-Unis concernant le rapport entre méthodes de production, productivité, qualité des sols, et impact environnemental. Ou plus directement entre les enjeux économiques et environnementaux.
Il y a une dizaine d’années, la conversion à une agriculture conventionnelle raisonnée était encore perçue comme une hérésie en termes de productivité, le postulat étant que seule une agriculture industrielle extensive pouvait être rentable. Mais les faits ont donné tort à ces prévisions pessimistes. Produit par le Soil Health Institute, le documentaire Living soil démontre ce que de nombreux agriculteurs ont constaté par expérience : le respect de la nature est compatible avec une agriculture intensive présentant d’excellents rendements. Mais il faut pour cela être capable de se remettre en question et d’appliquer certains principes hétérodoxes.
Le miracle des couverts végétaux
L’équation est simple et sans appel. Nos sols produisent 95% de notre nourriture, le reste provenant de la mer. D’ici 2060, c’est-à-dire dans moins de quarante ans, nous allons lui demander de produire autant de nourriture que l’humanité en a consommé durant les 500 dernières années. Comment parvenir à ce résultat si, dans le même temps, une partie grandissante de nos précieuses terres se dégrade ? Que ce soit en raison de l’érosion, du labour, ou encore de l’usage systématique d’intrants chimiques…A cette question, les nombreux intervenants du documentaire répondent d’une seule voix : grâce aux couverts végétaux. Tous ces agriculteurs confirment les bienfaits des « cover crops », qu’ils aient déjà franchi le pas du « tout biologique » ou qu’ils pratiquent une agriculture raisonnée avec le moins de produits phytosanitaires possible.
L’impact est tout d’abord visible sur la qualité des sols, dont les teneurs en azote et en phosphore augmentent au même rythme que la matière organique. Au bout de quelques années, la productivité progresse alors même que le budget « engrais et pesticides » se réduit comme peau de chagrin. Au final, ces paysans produisent mieux, même si leur approche nécessite plus de main-d’œuvre.
Une réflexion méthodologique
Dès lors, pourquoi tous les agriculteurs n’appliquent-ils pas le principe de la culture en couverture ? Living soil ne répond pas directement à cette question, si ce n’est en insistant sur la réflexion que nous devons engager pour préserver les sols et garantir la sécurité alimentaire. Sans remise en cause profonde, les défenseurs d’une agriculture à la fois rentable et plus respectueuse de l’environnement resteront minoritaires. En 2017, aux États-Unis, environ six millions d’hectares de terres arables étaient exploitées avec des couverts végétaux. En 2021, ce chiffre a atteint neuf millions d’hectares. Pour 2030, l’ambition est d’atteindre les 12 millions d’hectares, ce qui représente un peu moins de 20% des surfaces cultivables du pays.
Pour voir le documentaire (lien gratuit et VOST disponible) : Living Soil Film – YouTube