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Refusant de céder au catastrophisme, Cyril Dion et Mélanie Laurent recensent dès 2015 des initiatives efficaces face aux défis environnementaux, économiques et sociaux du XXIe siècle.
Tout commence par une étude publiée dans la prestigieuse revue Nature, en 2012. Une vingtaine de scientifiques y annoncent qu’une partie de l’humanité pourrait disparaître d’ici 2100 si rien n’est fait pour enrayer le dérèglement climatique et la destruction des écosystèmes. A l’époque, la nouvelle est accueillie fraîchement. En général, l’être humain n’aime pas spécialement être bousculé dans ses habitudes et ses convictions, surtout si c’est pour être désigné comme le seul responsable de la catastrophe écologique à venir.
Dès lors, s’il n’est pas question de jeter cette étude aux oubliettes, comment faire en sorte que le public ne détourne pas le regard en raison de sa tonalité pessimiste ? Cyril Dion et Mélanie Laurent se sont posé cette question en élaborant les bases de ce qui allait devenir le documentaire à succès Demain. Avec une conviction : adopter un angle constructif et optimiste en présentant des solutions aux problèmes est certainement la meilleure voie pour convaincre ceux qui doutent encore de l’ampleur des crises environnementales, économiques, et sociales à venir.
Chercheurs et citoyens
Demain se présente sous la forme d’un road movie, organisé en cinq chapitres thématiques : agriculture, énergie, économie, démocratie, et éducation. L’équipe du film sillonne le globe, recensant des initiatives encourageantes et efficaces dans dix pays, dont les États-Unis, l’Islande, le Royaume-Uni, le Danemark, l’Inde, ou encore la France. Au cours de ce voyage, ils rencontrent des scientifiques et des chercheurs qui, pour certains, développent depuis plusieurs années des projets visant à optimiser le recyclage des déchets, à promouvoir une agriculture urbaine, ou encore à accroître le recours aux énergies renouvelables.
Ils croisent également la route de citoyens ordinaires devenus amis de la nature voire, pour certains, militants écologistes. Des hommes et des femmes de tous âges qui s’organisent, à leur niveau, afin d’agir pour la planète. Prises séparément, toutes ces actions pourraient ne ressembler qu’à quelques gouttes d’eau dans un désert d’inaction. Mais mises bout à bout, elles donnent une idée de ce que pourrait être le monde de demain. Un monde plus respectueux de la faune et de la flore, qui s’adapte à son environnement plutôt que de chercher à le dresser pour son seul bénéfice. Un monde plus sobre, où l’énergie sera utilisée à bon escient. Un monde dans lequel l’humanité passera avant les profits immédiats.
Un succès immédiat
Présenté en ouverture de la COP 21 fin 2015, Demain reçoit immédiatement un excellent accueil du public. Il dépasse le million de spectateurs en salle et décroche même le César du meilleur film documentaire en 2016. Certains commentateurs regrettent cependant le caractère naïf du film et son optimisme exacerbé, oubliant sa dimension discrètement subversive. Si Demain propose une approche constructive, préférant mettre en avant les solutions que de s’appesantir sur les problèmes, il n’en dénonce pas moins l’immobilisme des gouvernements et le jeu des lobbies conservateurs qui agissent en sous-main pour défendre leurs intérêts.
Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent, 1h59