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Un sol sain est une condition sine qua non pour obtenir une eau propre et potable. Il agit comme un filtre naturel, capable de se régénérer de lui-même.
Il travaille gratuitement, sans interruption, et dans la discrétion la plus totale. Peu y pensent en ouvrant leur robinet, mais le sol est la clé de voûte de l’ensemble du processus de purification de l’eau, des précipitations jusqu’au stockage du précieux liquide dans les nappes phréatiques.
Si le sol ne jouait pas ce rôle essentiel de filtre, les réserves d’eaux souterraines ne seraient pas aussi propres. Les sociétés humaines ne pourraient donc pas s’y servir en eau potable, pourtant primordiale pour leur survie. Mais pour parvenir à ce miracle de la nature, encore faut-il que le sol soit sain : un sol souillé affecte la qualité de l’eau. C’est également le cas avec un sol dégradé, par exemple par des produits phytosanitaires qui auraient éradiqué la plupart des micro-organismes vivant sous terre. Pour que le phénomène de filtration naturelle se régénère, il faut donc que la structure du sol reste intacte, et que les éléments qui menacent de la dégrader n’augmentent pas de manière exponentielle.
Des fonctions filtrantes
Le sol a plusieurs fonctions en matière de purification de l’eau. C’est d’abord un filtre : sa composition lui permet de nettoyer mécaniquement les eaux d’infiltration. Tel un tamis, il retient les particules polluantes. Selon la nature du sol – léger et sableux, riche et limoneux… – des impuretés de très petite taille (jusqu’à 0,2μm) peuvent même être piégées, ce qui évite qu’elles se retrouvent par la suite dans les nappes phréatiques.
Toutefois, cette fonction de filtre peut être altérée en cas d’érosion ou de compaction – également appelé compactage ou tassement – des sols. Il s’agit d’ailleurs des problèmes environnementaux les plus graves engendrés par l’agriculture conventionnelle.
Le processus de dégradation microbienne
Le sol a également une fonction de filtre chimique. Après avoir retenu les particules polluantes, il dissout une partie d’entre elles par effet d’absorption. Elles se retrouvent ensuite liées à l’argile de la terre, ou encore à l’humus. Certaines seront même valorisées, et serviront à nourrir les micro-organismes ou les plantes présentes en surface. Mais là encore, la fonction de filtre chimique nécessite des sols stables. Or, une pollution de l’air, des précipitations trop brutales et abondantes, des dépôts de poussières, des engrais minéraux, des pesticides, ou toute substance n’étant pas présente originellement dans le sol constituent des menaces potentielles.
Enfin, le sol a une fonction de filtre biologique. Elle est particulièrement cruciale, car elle permet à la fois de retenir les particules polluantes et de les détruire. Ce processus est possible grâce à la dégradation microbienne, très efficace contre tous les types de polluants organiques. Ce sont alors les micro-organismes, les champignons, ou encore les petits organismes vivants présents dans le sol qui effectuent le travail de dépollution et de valorisation. Là aussi, rien ne vaut un sol vivant pour obtenir une eau propre. Des sols rendus stériles par l’agriculture conventionnelle – avec une disparition progressive de la biodiversité, notamment en ce qui concerne les micro-organismes – n’assureront pratiquement aucune fonction de filtre biologique.